Devant l'apparence quelque peu brusque et bourrue de Wakka, on pourrait croire avoir affaire à une brute de la dernière espèce. Difficile de dire que sa mâchoire carrée et sa crête rousse cachent soient la marque d'une personne aimable. Et pourtant, la couleur de ses cheveux est moins celle du brasier destructeur que du doux feu de foyer. Car oui, sous tous les muscles de Wakka se cachent une âme tendre et un cœur d'or. Bon, généreux, altruiste et profondément amoureux du genre humain, cet homme ne sort les armes que contre les monstres ou en dernier recours. Il préfèrera toujours la négociation, bien que ce soit pas sa spécialité, au sang versé.

Il existe cependant une exception à cela : les membres de la Shinra. Il n'a jamais pu leur pardonner les expériences qu'ils avaient mené sur son corps, son âme et ses pouvoirs, alors même qu'il n'avait aucune chance de pouvoir se défendre. De fait, s'il n'est certes pas impliqué dans les actions de la résistance, il n'hésitera pas longtemps devant une occasion de se venger de ceux qu'il surnomme "Les rejetons de Sin", car pour lui, ils sont aussi dangereux que ce monstre divin créé il y a des centaines d'années.

De même, il éprouve une forte rancune à l'égard des Dieux, pour toutes les épreuves qu'ils lui ont imposé, et plus particulièrement la déesse Etro, pour avoir ruiné sa vie en voulant faire de lui un héros. Mais ceci vous sera raconté en temps et en heures. Dans tous les cas, sachant que s'en prendre aux Dieux serait une entreprise Ô combien plus dangereuse pour l'humanité que s'en prendre à la Shinra, il a renoncé à cette vengeance, sans avoir pardonné pour autant.

Cependant, avant de connaître les rancœurs de Wakka, et même avant de constater sa bonté, vous vous rendrez compte d'une chose flagrante : il est autant, si ce n'est plus, naïf qu'un enfant. Bouleversé par les évènements qu'il reproche à Etro, il a découvert un monde en tous points différents de celui qu'il connaissait, et devant l'extravagance de ce monde, il semble prêt à croire n'importe quoi à propos de celui-ci. Il est inutile de s'étonner en le voyant avaler toutes sortes de mensonges, plus grotesques les uns que les autres, car il a sans doute déjà fait pire. Il y cependant un point sur lequel vous n'arriverez pas à la faire changer d'avis : sa notion de bien et de mal, et en particulier, bien évidemment, celle concernant les Dieux et la Shinra. Car sans être manichéiste, c'est quelqu'un de droit et de sûr de lui.

Le village d'Œrba. Si ce n'est plus aujourd'hui qu'un champ de ruines, peuplé par toutes sortes de monstres, ce fut, il y a bien longtemps, un hameau paisible, où les humains vivaient dans la joie, la tranquillité, et le respect des Dieux. Peu nombreux étaient les humains à avoir encore cette calme bienveillance à l'égard des divinités, et malheureusement, cela ne les sauva pas. Mais nous y reviendrons plus tard.

C'est dans cette calme bourgade que naquit Wakka. Premier-né de deux fermiers estimé et apprécié, il fut grand frère à peine quatre ans plus tard, lorsque sa mère mît au monde le petit Chappu. On pouvait le dire, c'était une famille heureuse, et qui était vivre dans une routine certes monotone, mais qui leur convenait à tous. Malheureusement, c'était sans compter sur le monde dans lequel ils vivaient, et sur l'ingratitude des Dieux, qui n'avaient nullement l'intention d'épargner même leurs plus fidèles serviteurs.

Vous l'aurez compris, l'histoire de Wakka se déroule dans un passé lointain, un passé où Orphan et Barthandelus n'existaient même pas encore, et surtout, un passé dans lequel Sin régnait en maître, tant sur le monde que sur les vies de ses habitants. Et comme pour tout les autres, il eût le pouvoir de régir l'existence de Wakka. Et pour cela, il commença par détruire Œrba.

Ce fut net, et très bref. Les habitants du village étant restés droits dans leurs croyances, ils n'imaginaient pas une seule seconde la Bête des Dieux s'en prendre à eux. Cela causa leur perte. Lorsque les sauveteurs passèrent après à l'attaque, à la recherche de survivants, ils faillirent rentrer bredouilles. Mais l'un d'entre eux remarqua les pleurs d'enfants émanant de sous un toit écroulé, et découvrit deux petits êtres, serrés dans les bras l'un de l'autre, pleurant tous deux tout ce qu'ils pouvaient dans une sorte de protection confectionnée comme par miracle par les débris.

C'est ainsi que Wakka et Chappu virent leur vie tranquille arrachée à eux par Sin, et partirent avec le sauveteur qui les avait découvert et qui avait décidé de prendre soin d'eux. Chappu était trop petit pour se rappeler du massacre et grandit comme un enfant normal, persuadé de vivre avec sa vraie famille, mais Wakka était hanté par les souvenirs de l'attaque, et tentait tant bien que mal d'oublier ces évènements traumatisants. Mais c'était impossible. Et il porta l'ombre de ce souvenir des années durant.

Malgré cela, on ne pouvait pas dire que sa nouvelle vie lui déplaisait. L'homme qui les avait recueillis et sa femme avaient bon cœur, et les chérissaient comme s'ils étaient leurs propre fils. Ils vivaient à Zanarkand, une ville qui déjà à l'époque étant grande et moderne par rapport au reste du monde, et il découvrit le sport qui deviendrait sa passion : le blitzball. Très vite, il se découvrit un véritable don pour ce jeu aussi haletant que violent, et il se rendit également compte que cela lui vidait la tête, et lui permettait d'oublier un peu le drame d'Œrba. Il devint joueur professionnel dès 16 ans, et il semblait enfin prêt à faire le deuil de ses parents. Mais c'était sans compter sur la Bête.

Alors qu'il avait 19 ans, ses parents adoptifs partirent tous deux en mission de sauvetage. Cela arrivait souvent, depuis que Wakka avait un métier. Avant cela, ils partaient seulement un à la fois, pour ne pas laisser les garçons seuls, mais l'argent que Wakka gagnait leur permettait de s'assurer qu'ils sauraient se débrouiller le temps qu'ils reviennent. Aussi partaient-ils en même temps et faisaient-ils un bout de chemin ensemble avant de se séparer pour secourir un maximum de victimes et surtout, d'éviter de mourir tous les deux au cas où Sin attaquerait à nouveau le village auquel il venait de s'en prendre.

Malheureusement, la volonté des Dieux à toujours été empreinte d'ironie. Sin les attaqua non pas aux villages qu'ils allaient secourir, mais sur la route, alors qu'ils étaient encore ensemble. Ils moururent tous les deux, loin de leur ville et de leurs fils adoptifs. Ce fut un choc pour Wakka, mais surtout pour Chappu. Il était persuadé qu'ils étaient ses vrais parents, et, à peine le choc de leur disparition passé, il décida qu'ils ne les pleureraient que lorsqu'il aurait abattu cette créature maléfique. Wakka eût beau tenté de le raisonner, sans toutefois pouvoir lui avouer que ce n'étaient pas leurs vrais parents, son petit frère était résolu à combattre.

Mais ce qui devait arriver arriva. Chappu rentra dans une organisation chargée de combattre Sin, les Bannisseurs, dont les fondateurs avaient été les premiers humains à avoir reçu les pouvoirs magiques offerts par la Déesse Étro. C'était la seule déesse qui, par son opposition aux autres Dieux et à Sin, avait gardé le respect de Wakka après la catastrophe, mais les prières de Wakka ne suffiraient pas. Chappu mourut lors d'une bataille contre Sin visant à l'éloigner de Zanarkand, écrasé sous la masse du monstre. Wakka en fut dévasté. Sin prenait les membres de sa famille, les uns après les autres. Au comble du désespoir, il hurla à pleins poumons contre les Dieux, et contre Etro surtout, qui, dans son esprit, avait trahi sa confiance.

C'est alors qu'il entendit une voix, la voix de la divinité qu'il venait de renier. Elle pleurait. Elle regrettait les malheurs apportés par les Dieux et la souffrance des hommes, et après avoir vu l'horrible histoire de Wakka, elle lui demanda jusqu'où il était prêt à aller pour venger les êtres chers qu'il avait perdu. Lorsque Wakka répondit qu'il était prêt à se sacrifier, elle lui offrit un don empoisonné, une marque qui était autant source d'un immense pouvoir que malédiction. Il était devenu le premier l'Cie. Et sa Tâche était de détruire Sin.

C'est ce qu'il fit. Il rejoint les Banniseurs, à son tour, et fort de ses capacités, il monta en grade jusqu'à pouvoir participer à la planification des opérations. Animé par sa soif de vengeance, il accula Sin, peu à peu, d'affrontement en affrontement, jusqu'à pouvoir, enfin, lui donner le coup final avec tous les autres Bannisseurs. Mais il ne pourrait pas partager sa joie avec eux, car sitôt que Sin eût disparu, il fut enveloppé d'une lueur bleutée, et il se changea en une statue de cristal. Etro l'avait prévenu, c'était un sacrifice.

Ainsi aurait pu finir la vie de Wakka, à contempler éternellement les gens venus en pèlerinage devant sa statue, venant lui rendre hommage, sans jamais pouvoir leur avouer que cela le gênait qu'on le remercie, et qu'il regrettait de ne pouvoir réellement mourir afin de rejoindre sa famille, comme cela aurait dû arriver pour un véritable sacrifice, comme celui que la déesse lui avait annoncé. C'est durant cette période, qui dura des centaines et des centaines d'années, que Wakka développa son amour pour les humains, et sa haine envers les Doeux, jusqu'à les exacerber.

Cela aurait dû durer éternellement, mais l'Histoire en avait décidé autrement. Un jour, la Shinra récupéra le corps cristallisé de Wakka, afin de faire des expériences dessus. Sans que l'on sache réellement comment, ils réussirent à le ramener à l'état de chair et de sang et à lui confier une nouvelle Tâche, qu'il ne comprit pas et ne voulait pas comprendre. Il n'en avait pas besoin de toute façon, ses sauveurs étant également ses geôliers et ses bourreaux, ne le faisant jamais sortir de la cellule dans laquelle on l'avait casé que pour subir des tests inhumains.

Bien entendu, Wakka n'avait pas l'intention de rester enfermé jusqu'à la fin de sa vie, dès que l'occasion se présenta, il détruisit le laboratoire secret dans lequel il était étudié et toutes les données extraites de son corps que les scientifiques de la Shinra avaient stockés. Puis, il partit, pour découvrir un monde complètement différent de ce qu'il connaissait. Les centaines d'années qu'il avait vu passer avait tant changé son univers qu'il était complètement perdu, avec une seule chose familière : la marque des l'Cie sur son torse, au niveau du cœur, lui rappelant que quoi qu'il fasse, la Shinra l'a condamné.